La postérité de Jésus, fils de Josédec
(Les Asmonéens)

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La postérité de Jésus [fils de Josédec] retourné en Judée avec Zorobabel tint la souveraine sacrificature jusqu’au temps d’Antiochus Eupator, qui ayant fait mourir Jason et rejeté son fils, établit souverain sacrificateur Alcimus, qui était à la vérité descendu d’Aron, mais non par la famille de ce Jésus. Alcymus ayant exercé la charge près de quatre ans mourut, après quoi sept ans se passèrent sans qu’il [n’]eut aucun souverain sacrificateur, au bout desquelles ce Jonathas, de la race des Asmonéens, reçut cette dignité. Il était frère de Judas Maccabée, laquelle diction en hébreux s’écrit Macabai, de laquelle chacune lettre signifie un mot pris du cantique de Moïse, Exode (15 11), où sont ces mots mi ca mo cha ba Elim Jehovæ,c’est-à-dire : Qui est comme toi entre les Dieux seigneur ? Judas ayant cette sentence pour devise et faisant une diction des premières lettres de ces quatre mots se fit surnommer Maccabai. Paul Eber ministre de Wittemberg p. 18.

Environ cent soixante-dix ans après le retour de Babylone les différends d’entre Jean et Jésus pour la sacrificature commencèrent la servitude de la nation. Jésus, qui s’était appuyé de la faveur de Vogeses satrape de Perse, ayant été tué par Jean au temple, le satrape vint piller et profaner le temple, et imposa tribut sur le peuple. Les fils de Jean, Jaduss et Manasses, eurent aussi dispute. Manasses pour  être le plus fort épousa Nicasso fille de Sannabalass Chutéen, satrape envoyé en Samarie par le dernier Darius, mais ce mariage l’ayant rendu plus incapable de la sacrificature, son beau père obtint permission d’Alexandre le grand de bâtir le temple de Garizim, où il établit sacrificateur Manasses, dont on ne trouve rien de la postérité. Son frère Jaddus est celui qui fut si bien accueilli d’Alexandre.

Deux cents ans après, le temple de Garizin fut détruit de fond en comble par Jean Hircanus fils de Simon Asmonéen, lequel aussi subjugua de telle sorte les Iduméens qu’il les contraignit de recevoir la circoncision et autres façons de faire des Juifs. Hérode depuis issu de cette nation voulait être estimé juif. Un peu avant qu’Antiochus l’Illustre xx prît Jérusalem, il eut guerre avec Ptolémée Philometor, roi d’Egypte. Celui-ci pour se concilier les juifs donna permission à Onias, fils de souverain sacrificateur de même nom, de bâtir une ville et un temple au territoire d’Héliopolis à la semblance de celui de Jérusalem : lequel fut nommé Onion à cinq grosses lieues de Memphis. Environ 230 ans après ce temple fut pillé et fermé par édit de l’Empéreur Vespasien, au temps même que celui de Jérusalem fut ruiné. Cet Onias, sacrificateur  du temple d’Egypte, eut deux fils Helcias et Ananias, dont la postérité est ignorée. Pour le temple de Jérusalem, Antiochus l’Illustre y ayant mis un souverain sacrificateur à son poste, qui le reçut dans la ville avec son armée, en partant il y laissa garnison des Syriens,  ce qui a       causé des maux sans nombre. Au reste ce que Jean Hyrcanus subjuga l’Idumée marque que ce pays avait secoué le joug, car David l’avait rendu tributaire au roi de Judée, mais ils se rebellèrent environ 150 après sous Joram roi de Judée, fils de Josaphat. Or depuis

[page 4] cette nouvelle subjection, ils se familiarisèrent avec les juifs, et furent employés aux affaires de la couronne comme il consta par le grand-père et père d’Hérode. L’Idumée fut nommée ainsi d’Edom, c’est-à-dire rousseau, qui fut le nom d’Esau. Quant à Antipater père d’Hérode il s’attacha à Hyrcanus et lui persuada, après que son cadet Aristobule l’eut défait, de se retirer auprès d’Aretas roi d’Arabie et lui demander secours. Ce roi vint en Judée avec des grandes troupes, vainquit Aristobule par la valeur d’Antipater et l’assiégea dans la forteresse de Jérusalem. Aristobule ayant demandé secours à Scaurus lieutenant en Syrie, celui-ci par ses lettres fit retourner Aretas chez lui, suivi d’Antipater et d’Hyrcanus. Peu après Pompée étant venu en Syrie ouït les différends des deux frères et pencha du côté d’Hyrcanus, tant Antipater sut bien plaider sa cause. Et parce que Aristobule ne tint point les conditions prescrites par Pompée, il vint assiéger Jérusalem, la prit de force (il y fut tué vingt-deux mille juifs), rendit toute la Judée tributaire au Peuple Romain, et rétablit Hyrcanus en la souveraine sacrificature. Cela se fit l’an que Cicéron opprima la faction de Catilina. Aristobule et ses deux fils furent emmenés prisonniers par Pompée. L’un des deux fils s’échappa par les chemins, et le père avec Antigonus, son autre fils, sept ans après, et vint en Judée, mais il fut repris par les Romains et ramené avec ses deux fils à Rome d’où il fut envoyé avec deux légions en Orient par Jules César, et empoisonné par les chemins. Déjà auparavant le Sénat avait libéré les deux fils à la prière de Sabinius. Antigonus se plaignit fort à César retournant de la Guerre d’Alexandrie, mais Antipater défendit si bien Hyrcanus et soi même que César l’établit tuteur de Judée, et mourut de poison en cette charge, un an après la mort de César. Son fils Hérode qui s’était acquis les faveurs des Romains par les excessives contributions qu’il fit à Cassius, eut encore le bonheur de gagner une bataille contre Antigonus qui avait envahi la Judée pendant que les armées étaient avec Brutus et Cassius. Marc Antoine, après la défaite des conjurés étant venu en Syrie, ordonna Hérode Tétrarque de Judée, et confirma à Hyrcanus la souveraine sacrificature. Un an après Antigonus fit entrer les Parthes qui avaient envahi la Syrie, en Judée, lesquels ayant retenu Hyrcanus et Phaselus contre le droit des gens, celui-ci s’écrasa la tête contre la muraille de sa prison, et Hircanus fut essorillé par ordre d’Antigonus et livré aux Parthes, qui l’emmenèrent avec eux. Hérode cependant s’enfuit à Rome où, par la recommandation d’Antigonus {et} d’Auguste, le Senat lui conféra le Royaume de Judée, déclarant Antigonus ennemi du peuple romain. Cela arriva quatre ans après la mort de Jules César. Hérode retourné en Judée eut une longue guerre contre Antigonus, mais enfin étant bien assisté par Marc Antoine, il prit Jérusalem au mois de mai le même jour que vingt-sept ans devant Pompée l’avait forcée. Antigonus fut envoyé lié à Marc Antoine en Antioche et mis à mort. Après quoi Hérode, étant possesseur du royaume de Judée, exerça des cruautés inouïes. Dans la guerre Actiaque, il assista fort fidèlement Marc Antoine, pourquoi, craignant le ressentiment d’Auguste, il le vint trouver à Rhodes et en fut reçu fort civilement. Il régna trente sept ans depuis que les Romains l’eurent déclaré roi et trente quatre depuis la prise de Jérusalem. Après sa mort ses fils Archelaus et Philippe se disputèrent à Rome pour la succession. Auguste ordonna qu’Archelaus serait Ethnarque (dignité moyenne entre Roi et Tétrarque) et xxx Hérode Antipas Tétrarque. Ce fut lui qui fit bâtir Tibériade en l’honneur de Tibère. Id. Paul Eber.

[page 4 marge (suite et fin du texte)]

Archelaus ayant tenu neuf ans sa principauté fut accusé devant Auguste, et, convaincu, fut relégué à Vienne, ses biens confisqués à l’Empereur romain, et les pays de son Ethnarchie furent quelque temps administrés par les gouverneurs romains comme par Coponius, Marcus Annius Rufus, sous Auguste; par Valerius Gratus et Ponce Pilate sous Tibère. Le petit fils d’Hérode, à savoir Agrippa, fut fait roi de Judée par Caligula qui lui assujetti les pays que Philippe Tétrarque avait tenus, et ensuite Galilée et Pérée  et tous les biens d’Hérode Antipas, ce que l’empereur Claude non seulement confirmât par édit public, mais lui donna encore Judée, Samarie, et tout ce qu’avait été à Hérode le Grand. Lui donna de plus la Tétrarchie de Lysanias, dit Abela, avec une partie de Cilicie, et la Comagène. Il conféra aussi à Hérode, frère du même Agrippa, le royaume de Calcide. C’est cet Agrippa à qui on dit Voix de Dieu. Après sa mort ses états furent encore réduits en province.